COMMISSION BOUCHARD-TAYLOR : LE CONSEIL MUSULMAN APPELLE LA COMMUNAUTÉ À LA PARTICIPATION ET À LA VIGILANCE.

August 19, 2007

Montréal, 19 Août 2007 - Après une journée de discussion entre des experts et plus de 100 membres représentant les différents secteurs de la communauté, le Conseil musulman de Montréal encourage les Québécois musulmans et non musulmans à participer aux consultations tenues par la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables.
Le Conseil Musulman de Montréal fera partie d’un regroupement composé d’autres communautés ethniques, religieuses, de groupes de personnes handicapées, de mouvements de femmes ainsi que d’autres groupes pour s’assurer que la Commission se concentre sur les problèmes soulevés de façon équitable, inclusive tout en restant fidèle aux mandats qui lui ont été confiés.

Cette décision a été prise suite aux interventions de Jack Jedwab, directeur général de l’association des Études canadiennes; Marie McAndrew, directrice de la chaire d’Études ethniques de l’Université de Montréal; Pearl Eliadis, experte des droits de la personne au niveau international; Patricia Rimok, présidente du Conseil interculturel du Québec; Sameer Zubeeri, coordonnateur de CAIR-CAN, et Fo Niemi, directeur général de CRARR.

La plupart des intervenants ont évoqué les préoccupations et les problèmes soulevés par le document de consultation de la Commission, dont :
- un point de vue évident en faveur de la majorité canadienne-française qui néglige les préoccupations des minorités ethniques et religieuses au Québec;
- l’incapacité de fournir une perspective historique sur les discriminations, l’intolérance et les expériences réussies d’accommodement des différences ethniques et religieuses;
- une vision du Québec qui exclut les Autochtones et les anglophones et qui divise la société par le biais de frontières ethniques et géographiques;
- l’incapacité d’expliquer l’accommodement raisonnable comme un concept juridique qui a permis d’éviter les discriminations non seulement à l’encontre des minorités ethniques et religieuses mais également contre les femmes, les personnes handicapées et les personnes âgées;
- et un point de vue qui se concentre de façon quasi-exclusive sur les problèmes soulevés par l’intégration des immigrants alors que le mandat de la commission concerne les accommodements raisonnables en général et les autres pratiques reliées à la diversité.

Les participants ont également exprimé de sérieuses réserves à l’égard des consultations que la Commission mènera en premier lieu en région à partir de l’automne avant de tenir des rencontres publiques à Montréal. Pour la plupart d’entre eux, ce processus va générer un point de vue défavorable aux minorités qui sont pour la plupart à Montréal et qui feront l’objet des sentiments anti-immigrants des médias francophones situés en région avant même que les Montréalais aient la chance de pouvoir s’exprimer sur le sujet.

Pour le président du Conseil musulman de Montréal, Salam Elmenyawi, « Le climat social au Québec s’oriente de façon inquiétante et préoccupante depuis les derniers mois vers une situation où les Musulmans ne seront pas uniquement des citoyens de seconde classe mais seront également la cible principale du racisme et de la xénophobie ».

« De nombreux Musulmans souhaitent participer aux consultations mais ils hésitent en raison du processus qui est non seulement biaisé mais qui leur donne l’impression que leur voix ne sera pas entendue. Après la réunion d’aujourd’hui, nous nous sentons moins marginalisés et nous travaillerons en partenariat avec les Québécois de toutes les origines pour s’assurer que la Commission se préoccupe des vrais problèmes soulevés de façon plus équilibrée » a-t-il ajouté.

Grâce à ces recommandations, le Conseil musulman de Montréal se joindra à d’autres groupes dans les jours à venir pour rencontrer la Commission, demander à ce que le processus de consultation soit révisé et à ce que les prochains documents de consultation reflètent davantage le point de vue des minorités.